Exprimer la douleur par l’algosculpture

La Maison médicale Jean XXIII dispose d’une unité de soins palliatifs, dans laquelle sont hospitalisés  des  patients  atteints  d’une pathologie grave incurable en phase palliative, et un service de soins de suite et de réadaptation, dans lequel sont accueillies des personnes essentiellement  atteintes  d’une  pathologie neurologique dégénérative. Soucieuse de maintenir et d’améliorer le confort physique et psychique des usagers accueillis, la Maison médicale mène une réflexion sur la prise en charge de la personne douloureuse et tente de mettre en place des dispositifs médicaux, mais aussi non médicaux.

La prise en soins d’états douloureux demeure très complexe du fait de leur subjectivité. Il est bien souvent difficile de comprendre comment le patient ressent sa douleur, tant sur le plan physique que psychique. La douleur est une notion abstraite, autorisons-nous à la rendre concrète! La douleur ne se raconte pas uniquement, elle peut se mettre en forme, pour mieux se faire comprendre. Sculpter sa douleur pour se reconstruire, tel est le défi proposé par une ergothérapeute. Dans le cadre de la maladie, du handicap, le miroir renvoie l’image d’une perte de chair, d’une blessure, d’un déséquilibre physique auquel répond un déséquilibre  psychique,  un  sentiment  d’étrangeté, qui  amène  à  des  questionnements.  L’algosculpture  permet  l’expression  de  la  douleur physique et de la souffrance psychique en matérialisant celles-ci par le modelage de la terre, dans le cadre d’une prise en soin d’ergothérapie individuelle, au chevet du patient. L’objectif  de  cette  approche  est  d’aider  les patients à mettre des mots sur leur histoire, en leur offrant un espace de parole, à se réapproprier leur corps, en leur donnant la possibilité de travailler artistiquement à la restauration symbolique de leur propre corps. La revalorisation de soi est également recherchée.

Apaiser, restaurer la communication

Lors de la première séance, l’ergothérapeute propose au patient de modeler la terre. Au cours de la seconde, le patient commence à modeler  l’argile  fine  de  couleur  rouge  ou blanche pour matérialiser le corps et la douleur. Il a la possibilité d’utiliser des outils afin de laisser des empreintes sur la sculpture ou pour montrer comment est la douleur (coups de couteau, pics, vagues). Il s’agit d’une médiation thérapeutique à travers le modelage de   la terre, en collaboration avec la psychologue qui intervient auprès du patient, dans une perspective de lien avec ce qui a été modelé. Les  résultats  observés  relèvent  de  l’apaisement  du  patient  et  de  la  restauration  d’un sentiment d’utilité, d’existence. Cette démarche permet la projection des affects, tout en ayant un effet antalgique et antidépresseur. On peut également observer une restauration de la communication avec l’entourage