Du mouvement social au mouvement sociétal : une tribune

Initiée suite à la réflexion développée face aux revendications portées par une organisation syndicale, cette tribune a vocation à dépasser cette seule organisation. Le travail continu d’amélioration et d’adaptation qui a été conduit, et qui se poursuivra, est important, mais l’objectif est ici de comprendre quels sont les enjeux macros, sur lesquels il n’y a pas de prise directe, afin d’apporter un témoignage et surtout des propositions pour y remédier. L’idée est de prendre du recul afin d’essayer de comprendre comment apporter, d’une part, la communication et l’échange nécessaires dans les établissements et services et, d’autre part, de continuer d’anticiper et d’innover. Il s’agit, dans ce contexte, d’activités hybrides, de l’ingénierie sociale, aux vues des attentes des financeurs publics en matière de structuration et d’optimisation de nos services. La transversalité, le déploiement territorial avec, bien-sûr, comme trame de fond, le postulat initial de l’inclusion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap, vecteur de la réussite en mode « parcours », sont les « outils » confirmés du projet associatif d’entreprise sociale. La concordance des temps Les tempos demandés, dans le cadre du changement de paradigmes, où l’on passe d’une organisation par activité à une organisation territoriale, où la mutualisation et l’optimisation des compétences deviennent un prérequis au financement, sont difficilement compatibles avec le rythme soutenu des changements de fond initiés.  Les changements impulsés par les institutions, telles que celles du secteur privé non lucratif, sont nécessaires et justifiés mais c’est ce télescopage et cette dissonance des rythmes, qui, au lieu de faire évoluer les structures de façon positive, les font vaciller. À travers cette présentation de l’ingénierie sociale mise en place, il s’agit de proposer une compréhension globale du positionnement et une ouverture au dialogue pour l’évolution et l’harmonisation de ces tempos. Cet échange ne doit pas être seulement initié au sein de l’association Vivre. Ce qui est décrit est aussi une observation globale de société. Les attentes face à un « État providence » doivent aujourd’hui être remplacées par une dynamique où « l’agir en acteur responsable, informé et investi » est un devoir. C’est finalement incarner la citoyenneté au-delà des seules réactions, si nobles soient-elles, comme après les évènements graves de janvier. L’innovation tient aujourd’hui en un positionnement stratégique, non par réaction mais par anticipation et vocation citoyenne, valorisant l’intérêt général.