Le CODERPA et la Fédération de gérontologie du Territoire de Belfort organisent chaque année une journée de réflexion et d’échanges sur les questions gérontologiques. La thématique, « Amour, désir, plaisir et sexualité au grand âge», a d’emblée intéressé un groupe de professionnels de la Résidence de la Miotte, ainsi que d’un autre EHPAD de l’Aire urbaine. Afin de préparer les témoignages à cette occasion, plusieurs temps de réflexion ont été organisés en parallèle dans les deux établissements.
En premier lieu, l’ensemble des soignants a été sollicité pour compléter un questionnaire sur les représentations et l’expérience sur ce thème ; puis des conférences sur les spécificités de la sexualité au grand âge se sont déroulées dans l’établissement. Un groupe de travail constitué d’une douzaine de soignants volontaires s’est réuni régulièrement. Ces temps d’échanges ont été l’occasion d’exposer des situations vécues (rapprochement observé entre deux résidents, masturbation d’un résident dans sa chambre, demande de gestes sexuels pendant la toilette, actes sexuels observés par les veilleurs de nuit, etc.) et d’oser entrer dans le questionnement sur ce sujet. Parallèlement, des entretiens ont été réalisés avec les familles et les résidents afin de connaitre leurs ressentis. Après avoir réfléchi dans leurs institutions respectives, les deux groupes de travail se sont réunis afin de confronter les positions et d’échanger sur les situations rencontrées.
Recueillir le consentement, préserver l’intimité
Les échanges ont souligné que les différentes situations ne trouvaient pas de réponse unique: il est nécessaire de bien poser chaque situation et d’y réfléchir en équipe pluridisciplinaire afin de trouver une solution adaptée aux habitudes de vie de la personne concernée. Une « boite à questions», destinée à recueillir les interrogations du personnel sur cette thématique, a été mise en place dans la structure. Le groupe de travail a également réfléchi à des changements concrets dans l’établissement. Il est proposé aux résidents d’utiliser une pancarte pour signifier leurs besoins d’intimité. Une procédure permettant de rechercher le consentement d’une personne atteinte de troubles cognitifs dans le cas d’un rapprochement avec un autre résident a été rédigée. Une résidente a été aidée pour se procurer un « sex toy» en toute discrétion. Plusieurs axes restent à explorer: mise à disposition d’une boite à plaisir contenant différents supports permettant de se relaxer, de se détendre et de prendre du plaisir (huiles essentielles, mignonette de vins, chocolat, livres, revues, musiques, dvd, etc.), création d’une procédure de recueil, au moment de l’accueil du résident, de ses habitudes de vie en matière de sexualité tout en préservant son intimité. Cette démarche fera l’objet d’une publication grâce au soutien de la Fondation de France.