On connaît toute la difficulté à entrer en relation avec des enfants fragilisés, handicapés ou marginalisés. Reconnaître et considérer l’animal, comme un véritable partenaire, un médiateur, est une approche qu’il serait dommageable de négliger», assure François Berger, directeur-fondateur de l’Institut français de zoothérapie.
S’appuyant sur ses expérimentations et sur les pratiques innovantes développées par l’association Argos, qui a étendu la médiation animale aux milieux fermés (Centre éducatif fermé de la Protection judiciaire de la jeunesse et Maisons d’arrêt), Sophie Tilly, stagiaire à la Maison de l’enfance Léopold Bellan, a souhaité transférer les pratiques de médiation animale utilisées essentiellement dans le secteur médical ou médico-social dans le champ de la protection de l’enfance. L’atelier de médiation animale à la Maison de l’enfance sera proposé à quatre enfants, confiés depuis plusieurs mois à l’institution, présentant des troubles du comportement, des difficultés d’apprentissage, ainsi qu’une certaine labilité émotionnelle. L’animal, un chien Epagneul sélectionné et éduqué par l’animatrice de l’atelier sera ce médiateur, ce «passeur de communication» permettant une approche relationnelle atypique pour les enfants. Au contact de l’animal, qui tient lieu d’intermédiaire, les enfants appréhenderont différemment la relation à « l’autre », et tisseront des liens de confiance et d’empathie. Source de motivation et de bien-être, sa présence pourrait avoir un effet rassurant et valorisant.
À raison d’une séance hebdomadaire par enfant, pendant six semaines, l’atelier sera animé par Catherine Sadoun-Haillard, comportementaliste, intervenante en médiation animale, co-fondatrice de l’association Argos et Sophie Tilly. Les séances comporteront des jeux, des exercices, un ensemble d’outils permettant aux enfants de s’exprimer au travers de ce média éducatif singulier dans la communauté du secteur social.
Les bénéfices attendus de la médiation animale sont la stimulation des aptitudes cognitives, physiques ou relationnelles, une meilleure gestion des émotions, etc. Afin de rentrer en communication avec l’animal, les enfants devront faire preuve de patience et de détermination et pourront ainsi éprouver l’importance d’une gestuelle et d’une communication adaptées. Sujet d’attachement et instrument de projection, il sera le prétexte à une élaboration informelle avec l’intervenant. Atteindre un sentiment de bien-être et de sécurité sera le premier objectif de cet atelier. Les axes de travail s’affineront au fil des séances, en fonction des observations réalisées et des interactions entre le chien et les enfants.
L’évaluation de cette première expérience permettra d’envisager l’éventuelle pérennisation de cette action.