Depuis plus de dix ans, le ministère de la Santé et des Sports et le ministère de la Culture et de la Communication conduisent une politique d’accès à la culture pour tous les publics en milieu hospitalier. En région, le partenariat interministériel se décline au travers de conventions signées entre les directions régionales des affaires culturelles et les agences régionales de santé. Il s’agit de promouvoir toutes les actions favorisant le rayonnement et la visibilité de la thématique « culture et santé», qui participe à l’objectif d’« une culture pour chacun».
Depuis 2009, plusieurs établissements de santé creusois se sont réunis pour initier un projet culturel permettant l’échange et le renforce- ment du lien social, autour du jazz. Élaboré en 2011 dans le cadre du dispositif « Jazz et santé », le spectacle « Les doigts dans le dé» s’est construit dans le cadre de résidences au CRRF (Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle) André-Lalande de Noth. Il réunit autour de deux vieux amis – Pierre Barabès, au piano et au chant, et Thierry Bourguignon au washboard – pour illustrer en musique les folies d’un autre duo mémorable, Laurel et Hardy, dans deux de leurs meilleurs films muets, Big Business (Œil pour œil) et Double Whoopee (Son Altesse royale), tous deux de 1929. Au-delà de la simple projection sonorisée en direct, les deux compères proposent de faire découvrir ce qui fit à l’époque la particularité de ces musiciens qui sonorisaient les films muets. Dans ce cadre, il a été proposé au service d’hospitalisation à domicile de la Creuse d’organiser ce spectacle au domicile d’un patient, amenant cette culture directement sur son lieu de vie, malgré le contexte de l’hospitalisation. Derrière cette idée, le lien social est très perceptible puisque le patient concerné a pu, avec l’aide de deux des aides-soignants du service d’HAD, lancer des invitations auprès de la famille, des voisins et des professionnels, organiser l’après-midi et assurer la coordination. Une petite dizaine de personnes se sont donc retrouvées au domicile d’une patiente anglaise pour partager un moment de convivialité permettant de sortir quelque peu de l’environnement hospitalier et des soins. Cette sympathique manifestation a donné tout son sens à la prise en charge, l’accès à la culture devenant un soin à part entière avec des échanges de quelques moments de vie.
Cette expérience, qui devait être un bonus au projet de départ, a enrichi le soin quotidien, rompant l’isolement grâce à la culture vers un mieux-être de la personne, en libérant la parole et en fabriquant de l’émotion partagée. Comme les histoires se terminent souvent en chansons, les musiciens ont achevé leur intervention en réussissant à faire chanter la patiente !