Pendant longtemps, la prise en charge des patients migrants et réfugiés en France s’est essentiellement organisée autour des compétences linguistiques et culturelles. Fort d’une expérience de 50 ans dans le domaine, et d’une analyse de l’ensemble des étapes du processus d’orientation des patients, le Centre Minkowska a fait le constat que cette organisation ne permettait pas une prise en charge optimale et qu’elle générait des dysfonctionnements dans la prise en charge et des situations de stigmatisation du patient et de son thérapeute, en les maintenant en dehors du système de droit commun en arguant de la spécificité de la pathologie mentale des patients migrants et refugiés, sous-entendu ne relevant pas du discours scientifique des soins dispensés à la population française.
Plusieurs objectifs d’amélioration ont ainsi été élaborés pour réintégrer l’offre de soins dans le cadre du droit commun et permettre aux personnes migrantes et refugiées d’accéder à tout l’éventail des modalités thérapeutiques disponibles dans l’offre de soins en santé mentale. Face à l’importance du nombre d’orientations émanant de toutes les structures de droit commun de la région Île-de-France, il a été décidé de mettre en place un dispositif pluridisciplinaire dédié à l’analyse et à la clarification des demandes qui émanent de l’ensemble des professionnels référents et des patients: le MEDIACOR.
Le MEDIACOR est d’abord un dispositif au service du patient: il lui permet une réponse plus rapide et une orientation plus précise. Il est aussi un dispositif sur lequel les professionnels peuvent s’appuyer lorsqu’ils font face à des questionnements concernant l’orientation du patient. Enfin, il apporte à l’institution la possibilité de réfléchir sur ses propres pratiques et d’apporter des ajustements au fonctionnement clinique lorsque cela est nécessaire. Dans le champ de la psychiatrie transculturelle, le MEDIACOR est un dispositif qui innove:
- en centrant le soin sur la personne, et en évitant toute stigmatisation et toute assignation dans la prise en charge,
- en offrant une assistance et un retour d’information aux institutions qui orientent les patients,
- en promouvant une efficience et une pertinence des orientations, véritables enjeux de santé publique,
- en dégageant l’institution du classique engorgement des consultations qui déstabilise les équipes soignantes et freine la dynamique des prises en charges,
- en permettant une évaluation des pratiques cliniques,
- et en contribuant à la recherche épidémiologique sur les parcours de soins des populations migrantes et réfugiées en Île-de- France, créant ainsi un véritable outil pour l’économie de la santé.