La mort est encore aujourd’hui un tabou qui empêche les équipes de soins, les résidents en soins palliatifs et leurs familles de travailler sur les parcours de fin de vie, alors qu’un quart des résidents en EHPAD décède chaque année. La mort est pourtant plus facile à appréhender et à supporter pour les familles quand elle est discutée en amont en collectif. L’EHPAD Jacques Bonvoisin en Normandie est donc confrontée à un triple besoin : aborder collectivement la mort au sein de l’établissement pour chasser son tabou, accroître la qualité de l’accompagnement des résidents et de leurs familles, et devenir un établissement de référence en termes de parcours de fin de vie tout en allégeant et valorisant les équipes.
Afin de mieux appréhender la mort et développer un dialogue sur les parcours de fin de vie des résidents, l’EHPAD a mis en place des groupes de parole et de travail. Tout d’abord, il a constitué deux groupes de parole animés par un anthropologue autour du thème « Et si ensemble, on parlait de la mort ? ». Ces groupes de parole étaient ouverts aux résidents et salariés pour mettre fin au tabou de la mort dans l’établissement. Ensuite, cinq groupes de travail pluridisciplinaires ont émergé, toujours en concertation avec les résidents. Deux sessions de formation avec marionnettes ont été organisées. Enfin, un spectacle réunissant près de 200 personnes (résidents, familles, salariés, partenaires et financeurs) s’est tenu.
Les résidents et leurs familles sont désormais mieux accompagnées, tant dans les possibilités d’expression de leurs besoins que de leur prise en compte. Les salariés montent en compétences (savoir-être et savoir-faire), sont valorisés mais n’ont pas leur charge de travail alourdie. L’approche collective via les groupes de parole et de travail ont permis de briser un tabou et de développer les relations de confiance entre résidents et soignants.