Faire rimer SSR et développement durable en faveur des plus faibles

La reconstruction du bâtiment abritant le centre SSR Les Lauriers Roses à Levens  a été l’occasion d’ouvrir le monde des établissements  sanitaires  à  la dimension écologique et à la place de l’homme dans cette dimension. La réalisation d’un bâtiment en haute qualité  environnementale  (HQE) était une gageure, il est difficile de marier réglementation  sanitaire  et  options écologiques.

Le premier acte de ce projet innovant a donc été de réaliser cet établissement. Les moyens humains ont été choisis parmi les acteurs du bâtiment dont la formation HQE et la sensibilité environnementale étaient avérées. Notons, par- mi ces intervenants, la présence d’un assistant à la maîtrise d’ouvrage spécialisé en qualité environnementale des bâtiments (QEB) et un architecte spécialisé QEB et construction bois. Les moyens financiers mobilisés, outre les dispositifs classiques réglementaires, faisaient partie du panel lié à la qualité environnementale des bâtiments (subventions, aides à différents niveaux, de l’État à la commune).

La seconde partie de cette innovation est l’enrichissement du projet de soins du patient autour de la notion d’écologie. Avec l’établissement comme outil, le séjour en SSR devient un moyen de retour vers la cité, de repositionnement citoyen, de renouvellement du lien social. Au cours de leur séjour, les usagers – et tout particulièrement ceux atteints de handicaps et/ou en situation de précarité– acquièrent des connaissances, des compétences et une conscience écologiques. Chacun, à hauteur de son envie, de sa perméabilité à l’information, prend conscience de sa place dans l’environnement.

Le séjour en SSR devient l’occasion de connaître et de pratiquer quelques aspects de l’habitat écologique: production énergétique avec les panneaux photovoltaïques pour l’électricité (principe de revente de cette énergie et de réinjection au réseau, notion de quantité produite via l’affichage en temps réel de l’installation) ; production énergétique avec les panneaux solaires pour l’eau chaude sanitaire (principe de distribution pour l’établissement); production énergétique avec la chaudière bois pour le chauffage et   le rafraîchissement du bâtiment ; solution alter- native au traitement des effluents avec le dis- positif de phytoremédiation (comment épurer  les eaux-vannes et les eaux  usées  par  l’action de différentes plantes mises en place en  basins secs); intérêt de l’isolation renforcée et de l’ossature bois dans le confort thermique du bâtiment; contact avec le bois, matériau absent de nos constructions modernes (menuiseries extérieures et brise-soleil); contact avec des matériaux écologiques des plus courants (peinture, revêtements de sols…) aux plus sophistiqués (faïences photocatalytiques), et des dispositifs  écologiques de base (éclairages sur détecteur  de  présence…); choix de solutions écologiques pour les espaces extérieurs (plantes méditerranéennes nécessitant peu d’eau, récupération de l’eau de pluie pour l’arrosage). Pour le patient, le séjour n’est plus uniquement une parenthèse médicale, il devient une source de compétences à partager, de compétence sociétale, humaine. Le lieu  du séjour  devient  source de curiosité pour l’entourage, les familles.

Cette initiation permet au patient le plus fragile de garder le lien social pendant son séjour ou de reprendre pied dans le monde qu’il va retrouver  à  sa sortie.