En alternative aux bavoirs infantilisants, il s’agit de co-concevoir un nouvel habit de repas esthétique et adapté aux usages, afin de restaurer la dignité de la personne atteinte de la maladie de Huntington lors du repas, et ainsi humaniser ce moment au cœur du parcours de soins du résident.
La maladie de Huntington est une affection neurodégénérative héréditaire qui entraîne une altération profonde et sévère des capacités physiques et intellectuelles. La personne malade perd peu à peu son autonomie et devient dépendante pour les actes de la vie quotidienne.
La création d’un partenariat entre l’École Nationale supérieure d’Art et de design de Nancy et la maison d’accueil spécialisée le Chêne est née de la conviction « qu’un regard nouveau peut changer les schémas, bousculer des certitudes et transformer« .
Pour répondre à cet objectif, Manon Pouillot, designer textile, est accueillie à la MAS le Chêne où elle va réaliser l’intégralité de son diplôme de master. Face aux différentes problématiques rencontrées, notamment autour de la prise alimentaire, et, en concertation avec l’équipe pluridisciplinaire, la designer s’est polarisée sur un accessoire de protection vestimentaire: la cape de restauration ou plus communément appelé « bavoir ».
En effet, la Chorée de Huntington entraîne de graves troubles nutritionnels liés à une déperdition énergétique, conséquence des gestes incontrôlables. Afin de respecter les apports nutritionnels et caloriques nécessaires, le temps consacré au repas est essentiel et requiert la plus grande attention, tant au niveau de l’environnement des résidents qu’aux objets utilisés pour assurer davantage de bien-être et de dignité au bénéfice du soin.
Une réflexion commune
Dans ce contexte, l’accessoire de protection des vêtements est omniprésent. C’est un objet infantilisant par sa forme, son mode d’attache et le tissu employé, « éponge blanche ». Il est également dévalorisant, la couleur blanche dramatise et stigmatise les tâches en les rendant encore plus visibles.
L’objectif posé par la designer Manon Pouillot a donc été de faire évoluer l’objet bavoir, pour l’adapter aux usages, le personnaliser pour améliorer l’estime de soi et la dignité du résident afin de rendre habitable le temps de repas. Cet objectif est un enjeu fort inscrit dans le projet d’établissement de la structure.
Les résidents ont été consultés pour qu’ils puissent définir leurs envies, désirs et souhaits. Cette réflexion commune a abouti à la création de prototypes d’habit de repas muni d’un col, comme une chemise, d’une attache sur l’épaule invitant à la douceur du geste, conçu dans un tissu à motif et coloré.
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