Montessori : Pas parfait, mais fait par !

En EHPAD, les personnes âgées sont parfois victimes d’une stigmatisation quant à leurs capacités. La démarche d’accompagnement classique consiste ainsi à évaluer ce que la personne ne peut plus faire plutôt que d’évaluer ce qu’elle peut encore faire. De plus, le focus est fait sur les soins somatiques et sur les gestes de la vie quotidienne, souvent en défaveur des besoins les plus abstraits : l’image de soi, le libre arbitre, le plaisir de faire, le sentiment d’utilité, le besoin d’appartenance, de reconnaissance, d’accomplissement de soi. L’établissement a donc cherché à aider les résidents à nourrir ces besoins.

La solution proposée par ces deux EHPAD réside dans la mise en place de la philosophie de Montessori. Montessori se base principalement sur l’apprentissage par l’expérience, l’adaptation de l’environnement et la manipulation d’un matériel adapté. Elle permet d’encourager l’autonomie et la créativité en se basant non plus sur ce qui est perdu mais sur ce qui est préservé.

Ainsi, l’ensemble du personnel, soignant comme administratif a été formé à la méthode. Concrètement, l’organisation des soins a été bousculée afin de dégager un temps Montessori spécifique. Le groupe dispose d’une enveloppe pour soutenir les projets mis en place. Des fiches ont été créées par ce groupe pour proposer aux résidents : des rôles sociaux en fonction des projets de vie (pliage de linge, mettre la table, arroser les plantes…), des jeux Montessori, des lectures, une aide à la correspondance, des activités manuelles pour décorer l’établissement. Par ailleurs, les soignants travaillent en tenue civile et proposent des soins « relationnels » centrés sur les capacités et sur l’histoire de vie du résident afin d’être au plus proche de ses besoins supérieurs. Un espace Montessori a été créé afin de changer de focus par rapport au soin physique et de créer des ambiances différentes. Enfin, les soignants sont formés à aborder différemment le résident pour le rendre acteur de sa vie : rien n’est imposé, tout devient proposition et demande d’entraide au sein d’une collectivité.

Ces temps permettent de répondre aux demandes des résidents, souvent formulés pendant les soins, quant à des besoins sociaux ou d’activités. Les résidents peuvent ainsi avoir accès à un plus grand nombre d’activités personnalisées et favorisant leur autonomie et leurs envies, ils peuvent aussi participer à la vie de la collectivité permettant le sentiment d’utilité. Ils peuvent également sortir plus régulièrement de l’établissement puisque le personnel a du temps dédié pour les accompagner.

Pour les professionnels, cette méthode permet de gagner du relationnel avec le résident. Elle laisse également une plus grande place à la créativité et à l’ingéniosité dans leurs fonctions.