La télémédecine pour dépister la rétinopathie

La Fondation Rothschild est au cœur du lancement de deux projets novateurs de dépistage de la rétinopathie du prématuré par télémédecine.

En France, 6 à 20 % des problèmes de mal- voyance chez l’enfant peuvent être imputés à une rétinopathie. La rétinopathie du prématuré fait suite à un défaut de développement de la vascularisation de la rétine. Il est possible de traiter cette rétinopathie si elle est dépistée à temps, et ainsi d’éviter à l’enfant une cécité. Cependant, il n’est pas toujours possible de trouver un ophtalmologiste spécialisé dans les services de néonatologie. Il faut alors déplacer les bébés, fragiles au départ, difficilement transportables et réclamant des soins fréquents, avec le risque que le calendrier de dépistage ne soit pas respecté.

Eviter de déplacer les bébés

Quel est le principe des projets ? Le pédiatre préalablement formé du service de néonatologie réalise des images de la rétine au lit du bébé, puis les envoie à un centre expert d’ophtalmo-pédiatrie, où un ophtalmologiste senior interprète à distance les images et renvoie un diagnostic dans les 48 heures.
Ce système permet d’éviter de déplacer les bébés, de systématiser la démarche de dépistage en néonatologie, et d’instaurer une règle de strict respect du calendrier, offrant ainsi de meilleures chances de dépistage et de traitement.
En pratique, la mise en œuvre du projet requiert, outre une volonté forte des participants, l’achat d’une caméra rétinienne, la formation d’intervenants médicaux et paramédicaux à la prise de clichés, la mise en place d’un système de transfert sécurisé des images et des données cliniques, mais aussi l’intégration du dossier de télémédecine au système d’information hospitalier (SIH). En outre, une coordination médicale étroite entre les établissements – permettant d’assurer la disponibilité des experts, de suivre la formation des personnels, de veiller à la qualité des clichés…– est fondamentale à la réussite du projet.

Deux établissements en 2013

L’idée, à moyen terme, est d’étendre le modèle à tous les centres de néonatologie, d’élargir les indications à d’autres atteintes rétiniennes du nourrisson, et de créer un registre interactif national permettant d’aller vers le dépistage personnalisé, de progresser dans les études épidémiologiques et de mieux diffuser les connaissances. Aujourd’hui, deux projets similaires de dépistage de la rétinopathie par télémédecine ont vu le jour, avec des démarrages quasi concomitants:

• Le premier a permis de démarrer le dépis- tage des premiers petits patients au Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) en janvier 2013. Ce programme, entièrement soutenu par l’ARS Île-de-France (à hauteur de 200k€), s’accompagne d’une évaluation médico- économique qui doit valider le modèle de télémédecine en vue de sa généralisation. Ce projet est supervisé par l’ARS.
• Le second, à l’initiative du service d’ophtalmo- pédiatrie du docteur Caputo à la Fondation Rothschild, concerne la mise à disposition auprès d’un de ses partenaires historiques, le CHU Robert-Debré, d’une caméra rétinienne permettant d’expérimenter ce dépistage systématique.